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Qu’entend-on par « primeur » ?

C’est à peu près à cette époque de l’année (courant avril) que les chroniqueurs vin du monde entier commencent à parler de la prochaine saison des vins primeurs à Bordeaux. Qu’on le veuille ou non, c’est l’un des événements annuels les plus importants du calendrier viticole. Mais de quoi s’agit-il au juste ?

Le marché des primeurs est né d’un besoin de liquidités ! Ça peut paraître surprenant, non ? Mais pour bien comprendre, il faut d’abord connaître le processus pour les châteaux.

Prenons l’exemple du millésime 2014. Les raisins sont cultivés en 2014, récoltés à l’automne 2014 et transformés en vin. La fermentation et les autres ajustements s’étendent jusqu’à mars/avril 2015. Le vin (surtout les rouges) est ensuite mis en fûts de chêne pendant environ deux ans avant d’être mis en vente. Cette opération vise à favoriser l’intégration de tous les arômes afin que le produit fini soit doux et délicieux.

Si l’on y réfléchit bien, c’est une activité à forte intensité de capital. Si vous êtes le château, vous avez trois ans de travail dans votre cave, ce qui vous coûte de l’argent. C’est là qu’intervient l’idée d’En Primeur. En mars/avril 2015, avant que le vin ne soit mis en barrique, tous les professionnels bordelais vont déguster le produit « inachevé », puis les châteaux mettent en vente un pourcentage de leurs vins, deux ans avant que vous ne puissiez vous les procurer. Cela permet de financer le vieillissement en fûts de chêne et d’ajouter les deux années supplémentaires nécessaires à la vente du vin lui-même. Le producteur y gagne.

Qu’en est-il du consommateur, c’est-à-dire vous et moi ? Autrefois, ces vins étaient vendus avec une bonne remise, mais l’avènement du vin en tant qu’investissement a entraîné une lente augmentation des prix. Oubliez donc les réductions !

Le principal avantage pour nous, c’est l’accès aux vins. Le millésime 2014 est considéré comme un millésime miracle. Il pourrait être aussi bon que 2010, le dernier grand millésime de Bordeaux. Sur un marché qui manque de bons Bordeaux en raison des faibles rendements de 2012 et 2013, je pense que ces vins vont être très recherchés ! Lorsqu’elles sortiront en 2017, les bouteilles de Lafite Rothschild, de Margaux ou d’Ausone seront aussi rares que de la merde de cheval. Mais l’accès au marché des primeurs nous permet, à nous simples mortels, de mettre la main dessus. Et nous aurons tous les grands vins à vendre ici à 20h33.

Enjoy, Mike (traduction et réadaptation)

Définitions

  • En primeur : Système de vente de vins avant leur mise en bouteille et leur commercialisation officielle. Les acheteurs paient à l’avance pour des vins qui seront livrés plus tard, souvent deux ans après la récolte.
  • Millésime : Année de la récolte des raisins qui ont servi à produire le vin.
  • Fûts de chêne : Barriques en bois de chêne utilisés pour faire vieillir le vin et lui donner des arômes spécifiques.
  • Château : Domaine viticole, souvent utilisé pour désigner les producteurs de vins de Bordeaux.
  • Capitalistique : Qui demande beaucoup de capitaux, d’investissements financiers.