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Visite de la tonnellerie Darnajou

Rencontre avec un orfèvre…

Ce matin, nous avons fait la connaissance de Jérôme ARPIN, tonnelier de la maison Vincent DARNAJOU à Montagne (Gironde). Voilà quelques semaines, il nous avait lancé une invitation via notre page Facebook.
Il avait l’intuition qu’une immersion dans le savoir-faire local nous plairait. Curieux de mieux connaître cet univers de la filière viti-vinicole, nous en avons profité pour réaliser un reportage photo que nous partageons avec vous en même temps que le portrait d’un orfèvre en plein travail. Enjoy !

Jérôme est entré à la tonnellerie Darnajou au tournant de l’an 2000. Il a été formé par Pierre, « le père fondateur », qui après avoir obtenu le titre de « Meilleur Ouvrier de France » en 1976, a créé son propre atelier de tonnellerie. « C’est lui qui m’a tout appris, nous confie Jérôme, c’était un homme exceptionnel ». C’est aujourd’hui son fils, Vincent, qui tient les rennes de la maison, avec son épouse Nadège. Près de 6.000 barriques par an (28 par jour!) sortent du site de production historique, à Goujon. Elles sont façonnées artisanalement par une douzaine de tonneliers et vendues à travers le monde. Plus exactement commandées par des clients des grands vignobles de France et du monde (Etats-Unis, Australie, Afrique du Sud, Espagne, Autriche, Argentine, Chili…).

Ce matin, Jérôme nous a proposé de retracer la fabrication d’une barrique de 225 litres en chauffe medium+.

Nous voici donc à l’extérieur, où sèchent les merrains de chênes qui ont été soigneusement sélectionnés par Vincent dans les forêts françaises les plus réputées (Allier, Tronçais bien sûr, Centre, etc.). Ah oui, les merrains, ce sont les pièces de chênes fendues dédiées aux barriques. « Que du chêne français, c’est l’excellence, avec une finesse de grains exceptionnelle ». Il faut au bois, si noble matière, « en moyenne vingt-quatre mois de séchage et un contrôle régulier pour obtenir son droit d’entrée dans l’atelier ».

Justement, nous entrons dans l’atelier, ouvert juste pour nous ce matin. Les étapes s’enchainent pour préparer les douelles que le tonnelier saisira à pleine main, d’un geste sûr, à la fois rapide et précis. C’est là que le savoir-faire de Jérôme entre en scène. Il manipule, sélectionne, explique, montre…sa passion est contagieuse !
On le suit d’étape en étape, pendant plus de deux heures, sans en perdre une miette – enfin, un copeau ! Si le montage est épatant par son côté à la fois ludique et mathématique, la chauffe concentre, elle, le maximum de l’attention de notre orfèvre et par contagion, la nôtre. Eau + chaleur = cintrage, mais pas seulement. C’est au cours de cette étape de plus de vingt minutes que la barrique va développer les arômes – qu’elle livrera, bien plus tard, au nectar qui la remplira, que ce soit à Angélus, Cheval Blanc ou Léoville Las-Cases. En photo, on parlerait de révélateur.
Et comme souvent, c’est l’expérience qui guide l’artisan dans cette étape où il exprime aussi sa sensibilité « la barrique, on l’écoute, elle nous parle », et l’orfèvre se fait poète.

« Ici, chacun fait ses barriques du début à la fin, elles sont signées tout près de marque à chaud de la tonnellerie », une façon de produire qui se raréfie, puisque dans les ateliers, on tend à rationaliser la production. « Oui, il faut aimer le travail bien fait, et aimer le vin un peu aussi » nous confie Jérôme avec malice.

Une fois la chauffe réalisée, viendra le rognage, pour poser les fonds, l’échaudage pour tester l’étanchéité, la finition pour lui donner son lustre et les mille petites attentions que Jérôme apportera pour satisfaire pleinement le client. S’il est local, le tonnelier le livrera souvent lui-même « parce que la relation client est une relation de confiance, l’humain est primordial dans notre métier».

Pour l’heure, nous observons le grain, nous touchons le fil, nous sentons les arômes qui se dégagent du chêne chauffé, nous ressentons la chaleur qui entre au cœur des douelles, nous buvons les mots de Jérôme autant que ses gestes, dont la précision et la force nous impressionnent.

Geste après geste, la barrique prend forme, la magie opère, et ce faisant, nous comprenons tous les enjeux de la relation entre vigneron et tonnelier, dans l’objectif commun de sublimer le vin.
Ce matin, Jérôme nous a fait entrer dans l’univers de la tonnellerie avec plaisir et passion, mettant nos cinq sens en éveil, apportant aussi du sens à un objet qui, s’il est devenu iconique dans les chais bordelais, le doit bien souvent à la main qui l’a façonnée.

Dorénavant, nous chercherons sous le jable de la barrique, gravée à chaud, la signature de l’orfèvre.

Pour connaître toutes les étapes de la fabrication ou en savoir plus sur la philosophie de la maison Darnajou, nous vous recommandons vivement une visite sur le site de la tonnellerie.

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Crédit Photo : ©20h33

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