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Clinet, le rouge aux lèvres

A Bordeaux, pousser la porte d’un château est toujours une aventure. Il y a ce que l’on s’attend à voir et il y a les surprises. En poussant la porte du Château Clinet, à Pomerol, on s’attend à l’excellence et on n’est pas déçu.

En faisant la route à travers les vignes de Pomerol ce matin de février, on est saisi par la beauté des lignes, la simplicité des choses dans cette forme de dépouillement de la vigne juste taillée. La lumière douce de l’hiver a quelque chose de feutré, d’intime. C’est exactement cette sensation qui nous accompagne tout au long de notre visite en compagnie de Ronan Laborde et sa compagne Monique Bailly.
La couleur rouge, par touches délicates, révèle au fil de la visite la personnalité d’une propriété, d’un vin, d’un dirigeant. Choisi pour l’étiquette du millésime 2000, le rouge lumineux s’est naturellement imposé sur quelques détails attendus – volets de la maison en pierre de taille, comme sur quelques détails moins classiques – les affiches du salon qui nous accueille. Ce fil rouge sera notre fil d’Ariane.

L’identité d’un Château se décline en lieux et dates. Avec une superficie de 8,60 ha portée à 11 ha en 2011, à Pomerol, Clinet jouit d’une surface confortable. Pour Ronan Laborde, c’est un challenge de rattacher à la propriété des parcelles historiques, cédées au fil des siècles. Arrivé en 2003 à la tête du domaine, ce jeune entrepreneur passionné de vins, pas vraiment du sérail, s’est consacré à amplifier l’impulsion donnée par le précédent propriétaire pour redonner à Clinet ses lettres de noblesse. Un défi de taille !

Si les premières vignes sont mentionnées dès 1585, c’est surtout sur la carte de Belleyme de 1785 que l’on peut voir l’ancienneté de la vigne sur ces terres. Depuis l’intérieur du cuvier créé en 2004, l’ouverture au format 16/9 nous offre à méditer sur la richesse d’un sol fait pour la vigne : légère inclinaison naturelle de parcelles argileuses sur un sous-sol de crasses de fer, parcelles bien drainées où s’épanouissent les merlots, et quelques 10% de cabernet sauvignon. Grâce à un outil simple, performant et sur mesure, le raisin est traité au chai avec respect, dans la continuité du travail mené à la vigne. Vinifications parcellaires après traitement de la vendange par gravité, c’est aujourd’hui peut-être devenu un classique. A Clinet, la personnalité de chaque parcelle est suivie jusque dans la barrique. Les assemblages tardifs permettent de révéler les subtilités de chacune, en veillant, à chaque étape, à conserver la pureté du fruit. Et ceci est à l’image du travail d’équipe, qui fait la fierté de Ronan Laborde. Amener chacun à exprimer ses compétences, ses talents, dans un esprit de cohésion autour d’une passion commune : le vin de Clinet. Cet esprit de famille, jeune et ouvert, est une des vraies surprises de la visite. Au fil de la matinée, les échanges sont riches, on partage des points de vue, des expériences, des analyses. On découvre la vitalité d’une équipe, la dynamique d’un groupe, comme dans le sport. Oui, pas de doute c’est une écurie de Formule 1 autant qu’un pack d’avants. On ne joue pas juste un match, on voit toute la saison, on ambitionne la montée en rassemblant les talents.

Depuis que le nouveau siège a été investi par l’équipe en 2015, à deux pas de la maison familiale, l’âme de Clinet s’est étendue jusque là, dans ce grand bâtiment bardé de bois au portail duquel glisse un fil rouge. C’est là que se crée également le très inspiré Ronan By Clinet. Car oui, il faut de la modernité dans le vin. A Clinet, elle est dans les idées. Hors des sentiers battus, en se remettant sans cesse à la réflexion, l’équipe n’a de cesse de garder Clinet parmi les plus grands de Pomerol, tout en osant l’innovation avec un vin d’assemblage inspiré et accessible. Tout comme une maison de haute-couture met son talent au service du prêt-à-porter, avec sa signature comme garantie.

La personnalité d’un vin se trouve dans son assemblage et dans mille et un détails. On a ressenti à Clinet que ces détails sont souvent l’œuvre des hommes et des femmes qui s’y consacrent, la somme des choix et des savoir-faire d’une équipe dirigée avec bienveillance et proximité. Chaque millésime est un nouveau-né sur lequel se sont penchées les bonnes fées du château.
En quittant Clinet, le sourire aux lèvres et le cerveau en mode brainstorming, on marche sur un fil…rouge.

Crédit Photos  ©Frédéric Guy

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